J’avais donné rendez-vous via Facebook à la petite quinzaine de personnes qui m’avaient signalé leur intention de m’accompagner un bout de chemin lors de mon passage en Belgique. Et ce matin : personne. C’est donc un peu déçu qu’après un gros pincement au cœur en quittant de nouveau Jean Louis, je prends la route dans des conditions pluvieuses, pour parcourir les quelques 75 kilomètres qui me séparent de la frontière française.

En traversant un village quelconque, mon œil est attiré in extremis par un petit animal au beau milieu de la piste cyclable, que je manque d’écraser. Je réfléchis très vite et pense d’abord à un petit rongeur, ou un petit hérisson, mais c’est un chaton. Minuscule, aveugle, trempé, et miaulant autant qu’il peut. Je ne prends même pas la peine de déposer correctement mon vélo contre un support, ni même à retirer mon téléphone du guidon pour prendre le plus délicatement possible dans ma main ce tout petit chat. Surprise : il a toujours son cordon ombilical, il est donc né il y a à peine quelques heures, voire quelques minutes ! En le caressant tout doucement, je provoque ses cris d’appel qui – je l’espère – vont attirer sa maman. Mais rien ne se passe. Après de longues minutes à me demander que faire (trouver un vétérinaire ? déposer dans un lieu sûr ? sonner chez les voisins ?), une dame sort de la maison d’en face, je traverse donc immédiatement pour lui demander de l’aide, ou au moins des renseignements. Elle ne parle par français ou si peu, et mon néerlandais n’est pas terrible mais elle se montre compatissante et m’accompagne pour sonner aux maisons voisines et expliquer la situation. Sans réponse satisfaisante, nous décidons de le laisser dans le jardin le plus proche de sa découverte, le plus loin possible de la rue, et où je viens d’apercevoir deux chats adultes. Je reprends ensuite la route un peu ému par cette rencontre étonnante en espérant un heureux dénouement.

Un peu plus tard, alors que je venais de traverser Poperinge, dernière ville belge avant la France, je reçois un coup de fil de mon ami Eric Sevenants qui me suggère d’y retourner… Et là, je découvre avec beaucoup d’émotion et de plaisir une petite délégation de pensionnaires du Château Vert qui arborent une banderole en mon honneur ! Ils sont accompagnés par Nicolas Valente, leur responsable, et par une autre travailleuse du Château Vert dont j’ai malheureusement oublié le prénom. Ma spitante collègue Elise Cornélis (par ailleurs épouse de Nicolas) est également là, avec leur fils. Et plusieurs amis fidèles (Eric, Adrien Daxhelet, Jean-Pierre Burton et Pascal Servais) ont également fait le déplacement. Les deux groupes se sont apparemment vite trouvés et ont attendu très patiemment que je passe par là… Quant à savoir comment ils ont su que je passerais par là, le mystère tombe assez vite : c’est grâce à la complicité de Jean Louis qui me suit en temps réel sur une application sur smartphone, et qui a vendu la mèche (sans que je me doute de quoi que ce soit, il est très fort…).

Énorme merci à vous tous, ça fait décidément beaucoup d’émotions en tous sens pour une seule journée !

Après une trop brève rencontre (j’étais déjà en retard pour arriver à l’heure annoncée à mon gîte du soir…), je reprends mon chemin qui tout à coup se transforme : il devient un petit peu plus vallonné, les jolies fermes anciennes et les estaminets se succèdent alors que le soleil commence enfin à se montrer un peu plus généreux. C’est sans m’en rendre compte que je traverse la frontière vu qu’il n’y a aucun panneau. Mais les quelques indications en français que je commence à croiser ne laissent plus place au doute : je suis en France. J’arrive donc dans le village d’Oxelaëre où je suis accueilli par Martine et Vincent qui, à l’instar de Dirk quelques jours plus tôt, décident eux aussi de participer à la cagnotte « Château Vert » après avoir entendu les quelques petites explications au sujet de mon périple…