Je quitte l’hôtel à mon aise, après avoir pris deux petits déjeuners, au grand étonnement du barman. Comme je n’ai pas eu l’occasion de passer par la petite ville toute proche de Trujillo, je profite du fait que l’étape du jour s’annonce assez courte (moins de 60 kilomètres) pour faire un petit détour. Il n’y a malheureusement pas grand chose à y voir…
Mon itinéraire m’amène ensuite sur une route un peu trop fréquentée, ce qui me décide à prendre les chemins de traverse. En Espagne, il n’y a pas à proprement parler de « réseau secondaire » tel qu’on l’envisage en Belgique ou en France : il y a les routes qui mènent d’un point A à un point B, et puis il y a les chemins. Et là, pour un voyageur à vélo, c’est quitte ou double… Heureusement pour moi, les chemins que j’emprunte sont idéaux : pas trop de dénivelé, un sol terreux très acceptable, et beaucoup d’occasions d’observer les oiseaux locaux. Je passe par deux ou trois villages pratiquement déserts, avant de me retrouver sur un chemin de toute évidence privé, mais je n’ai plus le choix. Je traverse ainsi une sorte de prairie arborée, avec de nombreuses vaches intriguées par mon passage, mais qui ne manifestent aucune hostilité. Le chemin en question débouche dans une ruelle où je suis dévisagé par un habitant qui a l’air de se demander de quelle planète je suis originaire. Il ne prononce cependant pas un mot, et ne me reproche pas d’arriver par un chemin a priori interdit.
Je parcours les derniers kilomètres sur une route assez monotone, sous une chaleur accablante. J’arrive ainsi en fin d’après-midi à Madrigalejo, où mon lieu d’hébergement est malheureusement fermé pour une bonne heure encore. En début de soirée, je suis enfin accueilli par le gestionnaire qui m’installe dans la chambre la plus proche de l’entrée, ce qui ne me ravit guère étant donné le bruit de la rue en soirée, contrastant étonnamment avec la très faible animation de l’après-midi.