L’itinéraire du jour est plutôt campagnard, ce qui n’est pas fait pour me déplaire.

Alors que je roule à un rythme assez soutenu (autant que possible avec mon barda…), j’entends une voix d’homme qui crie « Wallonie ! ». Je freine puis me retourne pour apercevoir une étrange famille : un couple et ses trois enfants, avec une carriole à bras. Tous sont vêtus de façon étrange, que je qualifierais de « steampunk tyrolien », faute de trouver autre chose. Ils parcourent les routes pendant cinq semaines, et ont décidé de ne pas dépenser un euro pour leur voyage. Apparemment ça leur réussit plutôt bien, même si les enfants ont les traits un peu tirés. le père est très volubile, et me parle de façon très enjouée dans un mélange d’allemand, d’anglais et d’italien, où quelques mots en français se glissent ça et là.

J’arrive assez rapidement, presque sans m’en rendre compte, devant le panneau annonçant la frontière des Pays-Bas. Mon premier contact humain n’est pas des plus agréables puisque je me fais enguirlander copieusement par une dame qui n’a pas entendu ma (pourtant bruyante) sonnette, tout absorbée qu’elle était par son téléphone portable alors qu’elle déambulait sur la piste cyclable.

Pour mes deux premières nuits aux Pays-Bas, j’ai choisi un B&B (qui ici signifie « Bed en Broodje », pour petit pain, donc petit déjeuner). J’y suis accueilli par une famille très sympathique et très généreuse puisque après m’avoir offert le café (fille n°1) et une bouteille d’eau (fille n°2), la mère me propose spontanément de laver mon linge, avant que le père ne m’invite à la table familiale pour y partager le repas du soir, un copieux barbecue, ce que j’accepte volontiers, même si tant de gentillesse me gêne un peu. Avant de gagner ma chambre, le père me propose encore de garer mon vélo et ma remorque dans son propre jardin, a priori non accessible aux clients du B&B.